Ana Madet, chanteuse et fondatrice de NousToutes41 et Najoie Eddahbi, professeure d’espagnol et référente au sein du lycée Ampère du label « Égalité filles-garçons ».
© (Photo NR, Philippe Ridou)
Dès la rentrée 2023, des élèves du lycée professionnel Ampère de Vendôme ont participé à des ateliers sur l’égalité filles-garçons avec l’association NousToutes41. Une sensibilisation sans détour aux violences.
« Je vous parle de cela parce que, statistiquement, trois enfants par classe en sont victimes », justifie celle qui a trouvé refuge dans la musique. Le lycée Ampère accueille près de 580 élèves. Au fil des ateliers et des 13 classes rencontrées, Ana Madet martèle : « Vous n’êtes pas seuls ». « Ceux qui n’en sont pas touchés directement doivent être capables d’entendre et d’accompagner les victimes. »
« Depuis quatre ans, le lycée professionnel Ampère s’est engagé dans la promotion de l’égalité entre les filles et les garçons », rappelle Najoie Eddahbi, professeure d’espagnol et référente au sein de l’établissement du label « Égalité filles-garçons ». Un label de l’Éducation nationale créé en 2022. Ampère se prévaut d’avoir obtenu le niveau 3 dudit label qui « récompense une démarche portée par l’ensemble de la communauté éducative », souligne l’enseignante.
« Statistiquement, trois enfants par classe sont victimes d’inceste »
Pour traiter des questions de harcèlement, de prévention des violences, du consentement, le lycée s’appuie sur des intervenants extérieurs. D’où la présence d’Ana Madet. « Ana, elle sait de quoi elle parle. C’est son histoire et ça nous marque », glisse une lycéenne en seconde professionnelle Métiers de la relation client (MRC). « Ça aide les élèves à en parler. Ça ouvre les esprits. Si quelqu’un nous en parle, on saura comment aider », poursuit une autre seconde.
Par petits groupes, les lycéens tournent sur différents ateliers. Ici, on leur présente le « violentomètre », un baromètre de la relation. En vert, la relation est saine ; en orange, le comportement est inacceptable ; en rouge, c’est interdit.
La discussion est lancée sur des situations « choquantes ? Pas choquantes ? ». Un parent embrasse sur la bouche son ado pour lui dire au revoir ; une tante qui raconte ses ébats sexuels à son neveu ou nièce. Najoie Eddahbi nomme sans détour les actes et insiste sur la notion de consentement : « Vous êtes à un âge où vous devez apprendre que votre corps vous appartient ».
Point plutôt rassurant, la plupart des jeunes sont au clair sur l’attitude à adopter face à une victime de violences : « Vide ton sac, je t’écoute », « je la prends dans mes bras, si elle veut », « je te crois », « ce n’est pas de ta faute », « je lui dis de porter plainte ».
Point plutôt rassurant, la plupart des jeunes du lycée Ampère sont au clair sur l’attitude à adopter face à une victime de violences.
© (Photo NR, Philippe Ridou)
La parole se libère. Plusieurs lycéens témoignent avoir été victimes de harcèlement au collège. « Ça date de l’année dernière et les agresseurs n’ont toujours pas été entendus », lâche un seconde. D’autres sollicitent une entrevue avec Ana Madet : « Je les écoute. Au besoin, je les guide vers des associations ».
Les violences sexistes et sexuelles font écho chez les lycéens. « Nous sommes attentifs et nous avons les moyens d’accompagner les élèves qui en ont besoin, du proviseur à l’infirmière à la psychologue en passant par les professeurs », campe Najoie Eddahbi. D’autres interventions avec Ana Madet sont prévues dans l’année.
Article publié dans la Nouvelle République du 8 septembre 2023